La Moule Perlière

 

 

    La Moule Perlière ou Mulette Perlière (Margaritifera margaritifera) est un mollusque d'eau douce. C'est une espèce connue pour sa durée de vie exceptionnelle (plus d'un siècle), mais qui est au bord de l'extinction bien que protégée. Cette moule a également la particularité de produire des perles de joaillerie (environ un individu sur mille produit une perle).

 

    
Photo: HESNARD O.                                   Photo: SIAES

 

 

  • Cycle de vie

 

    Le cycle de vie de la moule perlière est associé à celui de la truite fario ou du saumon atlantique, car les larves du mollusque se développent à l'abri des branchies de ces poissons exclusivement.


    Une fois la fécondation faite (les sexes sont séparés), la larve, nommée glochidie, est incubée par la femelle pendant quatre semaines. La taille de 0,05 mm atteinte, la larve est libérée dans le cours d'eau et va se fixer sur l'appareil branchial d'une truite fario ou d'un saumon atlantique. Cette phase parasitaire dure en général quelques semaines (jusqu'à 10 mois), temps au bout duquel le glochidie devient un véritable bivalve en miniature de 0,5 mm. Le mollusque se fixe alors dans le fond de la rivière et poursuit sa croissance, pour atteindre sa maturité sexuelle à 20 ans.

    La longévité de cette espèce est remarquable, puisqu'elle varie entre 20 et 30 ans pour les individus vivant dans les eaux plus chaudes du sud de l'Europe, à plus de 150 ans pour ceux de Scandinavie.

 

 

 

  • Régime alimentaire:

 

    La Mulette, comme toutes les nayades, est un filtreur et se nourrit des particules de matières organiques transportées par le cours d’eau.

 

    Chaque individu filtre environ 50 litres d’eau par jour et, s’ils sont nombreux, ils peuvent entraîner la sédimentation de plus de 90% des particules. Ce mode de nutrition est très favorable à l’écosystème en permettant une forte diminution de la turbidité.

 

 

 

 

  • Par quoi est-elle menacée?


  -  L'altération de la qualité et de la quantité de la ressource en eau.

 

  -  L’eutrophisation des cours d’eau qui, par apport excessif de nutriments lié aux activités agricoles, entraîne un développement des algues, responsables du colmatage des sédiments.

 

  -  L'augmentation des surfaces de terres labourées, qui favorise le phénomène de ruissellement, et augmente l'apport de sédiments fins, qui étouffent les jeunes stades enfouis dans le sable.

 

  -  Les transformations physiques des cours d’eau (enrochements, curages et barrages).

 

  -  Les entretiens de rivières, pratiqués sans discernement, entraînent une forte mortalité, soit par piétinement des individus disposés préférentiellement sur les bords, soit par modification de l’écoulement.

 

  -  La diminution de la densité des salmonidés par altération physico-chimique du milieu et par restriction de leur libre circulation (barrages infranchissables).

 

 

 

  • Que faut-il faire pour la préserver?

 

  -  Préserver les abords de la rivière, des laboures.

 

  -  Reconquérir la qualité des eaux pour limiter le phénomène d'eutrophisation.

 

  -  Entrenir la rivière de façon légere, sur les tronçons occupés. De plus, les embacles ou îlots qui créent des zones de divagations sableuses très favorables pour les jeunes stades doivent être conservés.

 

  -  Arrêter totalement toutes transformations physiques du cours d'eau (curage, recalibrage, enrochement, barrage,...)

 

  -  Préserver les populations de salmonidés, qui passent par une diminution de l’eutrophisation et une libre circulation des poissons.

 

  -  Limiter les plantations de résineux en bordure de cours d’eau.

 

  

 


 

    Pour plus d'informations sur la Moule Perlière, vous pouvez consulter sa fiche descriptive détaillée.


Les Mulettes
de l'Airou:


 

 

   La population de mulette perlière de l'Airou est actuellement la seule connue dans le département de la Manche.

 

 

   Cette population se situant sur la partie aval de l'Airou, a était estimée à une centaines d'individus, qui semblent tous agés. Aucun renouvellement de population n'a été constaté.

 

 


Observation de mulettes

 

 

    Malgré la présence significative de saumons atlantiques, hôtes préférentiels des larves de mulettes perlières, et le bon état général de l'Airou, la conservation de cette population reste trés hypothétique à l'instar des populations du Massif Armoricain.

  

   A noter que pour survivre durant les premières années de sa vie, la mulette perlière doit se trouver dans une eau ayant un taux de nitrates proche de 1 mg/l, c'est à dire inférieur aux concentrations que l'on trouve actuellement dans certaines bouteilles d'eau minérale.

 

 Un programme européen LIFE+ "Préservation de la Mulette Perlière dans le Massif Armoricain" est actuellement en cours sur l'Airou et 5 autres cours d'eau normands et bretons.